Dimanche dernier, j’ai assisté à un tournoi spécial de Sumo.
L’occasion pour moi de vous parler de ce sport traditionnel japonais en détails.
Le Sumo est un art martial japonais, un sport de lutte, connu principalement pour le gabarit des combattants (entre 70 et 280 kg) qui depuis plusieurs siècles se combattent lors de grands tournois (場所- basho).
Lutteur de Sumo ~Rikishi (力士)
Bien que vous connaissiez certainement le mot “Sumotori” (相撲取り); il ne sert pas à désigner les combattants professionnels (uniquement des hommes) au Japon, on lui préfère 力士(rikishi) ou encore お相撲さん(O-sumo-san qui signifie Mr. Sumo).
Si vous regardez un tournoi de Sumo à la télévision, vous serez peut-être surpris de voir la différence de gabarit qu’il y a parfois entre les deux combattants. Les Rikishi pèsent entre 70 et 280 kg. Il peut y avoir plus de 100 kg d’écart (même si le poids moyen d’un Sumo est de 150 kg, à priori le meilleur équilibre entre souplesse et stabilité).
Cela est possible car, contrairement au Judo et à la Boxe, les catégories de Sumo ne sont pas basées sur le poids mais sur le “niveau” du Rikishi. On parle d’ailleurs plus de divisions (un peu comme au foot). Tout d’abord, il est important de faire la différence entre les Titulaires et les Apprentis (cela influence le nombre de combat par tournois mais aussi le rythme de vie). Ensuite, il y a 6 divisions qui apparaissent dans le ばんくぜ (Bankuze – le classement).
La première division, Makkuchi, regroupe les rangs suivants : Yokozuna, Ozeki, Sekiwake, Komusubi, Maegashira. La seconde division est nommée Jurryo. Ces deux divisions regroupent les Sekitori (関取, titulaires). Ensuite il y a 4 divisions d’apprentis (Minarai) Makushita, Sandame, Jonidan puis Jonokuchi.
Les arbitres (Gyôji ぎょうじ) suivent également les mêmes divisions et ne peuvent arbitrer, vêtus de leur costume de soie et de leur chapeau noir qui ressemble à ceux des prêtres Shinto, que des combats entre deux Rikishis combattants dans la catégorie correspondant à celle de l’arbitre.
Le tournoi ~ Bashô 場所
Il y a 6 tournois majeurs (本場所 – honbasho) de Sumo par an au Japon : trois à Tokyo (Janvier, Mai, Septembre), un à Osaka (Mars), un à Nagoya (Juillet)et un à Fukuoka (Novembre). Seuls ces 6 tournois sont pris en compte pour le classement.
Ces tournois se tiennent pendant 15 jours durant lesquels les Sekitori effectuent 15 combats; et les Minorai 7 combats par tournoi. Il y a un gagnant par division et c’est celui qui a le plus de victoires.
L’anneau du lutte ~ Dohyô 土俵
Comme le Sumo est un art martial ancestral, il y a de nombreux rituels à respecter par les lutteurs avant de commencer le combat. Cela vous donnera même l’impression qu’il faut beaucoup de préparation pour peu d’action, car le combat en lui même peut ne durer que quelques secondes (la durée moyenne d’un combat est de 5 à 7 secondes).
Tout d’abord, cet anneau appelé Dohyô est un cercle de 4,55 mètres de diamètre, monté sur une plateforme en argile et recouvert de sable. Avant chaque tournoi, un nouveau Dohyô est construit. Au centre, il y a deux lignes blanches derrières lesquels les lutteurs prennent position au début du combat. Autour, il y a un anneau de sable qui sert à délimiter le terrain en quelque sorte.
Un Dohyô a toujours un toit. Ce toit ressemble à un temple Shinto et possède 4 pompons colorés représentant chacun un esprit des quatre directions : Dragon Azure de l’Est, Oiseau Vermillion du Sud, Tigre blanc de l’Ouest et Tortue Noire du Nord.
A l’appel de son nom, le rikishi monte sur le ring, salue son adversaire puis va dans son coin du dohyô pour commencer les rituels qui vont précéder le combat. Issus des pratiques religieuses shinto, ces rituels sont très strictes et sont respectés scrupuleusement.
Shiko しこ
Le premier est un “exercice d’assouplissement” (vu par un européen, cela fait un peu penser au Haka des rugbymen Néozélandais) : les lutteurs vont prendre appui sur une jambe, les mains posées sur les cuisses puis lever une de leur jambe le plus haut possible pour la reposer le plus fort possible sur le ring. Ils recommencent ensuite avec leur deuxième jambe.
Shikara mizu 市から水
Les lutteurs retournent chacun dans leur coin du ring pour boire de l’eau spéciale servie dans un récipient en osier. Ils se rincent la bouche avec et s’essuient avec une feuille de papier.
Chiri-chôzu 地理手水
Les rikishi jettent ensuite une poignée de sel sur le dohyô avant de retourner au centre. Chacun, accroupi face à son adversaire, va tendre les bras, paumes vers le plafond puis paume vers le sol avant de replier les bras. Il semblerait que ça soit pour prouver à son adversaire que l’on va bien se battre à mains nues.
Puis les lutteurs retournent dans leur coin, une ou deux fois, afin d’effectuer de nouveau le Shiko, le sel sur le ring. Enfin, ils se retrouvent au centre derrière les lignes blanches. L’arbitre relève son éventail face à lui : le combat peut enfin commencer. Les lutteurs posent leurs poings sur le sol et se jettent l’un sur l’autre.
Les règles du combat en lui même sont très simples : à l’intérieur du cercle, les lutteurs ne peuvent toucher le sol qu’avec la plante de leur pied. Si toute autre partie de son corps touche le sol, il perd le combat. D’autre part, s’il touche l’extérieur du cercle avec son corps (même la plante des pieds), il perd également le combat.
Il faut donc déséquilibrer son adversaire à l’intérieur du cercle, ou le pousser à l’extérieur.
Il faut savoir que les Sumo sont payés selon leur division par l’association des Sumo mais qu’ils reçoivent une prime à chaque tournoi selon le nombre de victoires remportées. En 2000, un scandale a éclaté à ce propos car un Rishiki à la retraite a dénoncé de la triche en citant les Rishiki qui acceptaient de perdre.
La 37ème édition du grand tournoi de Sumo
Voilà ce qu’il faut savoir sur les Sumos en général, si vous avez lu jusqu’ici je vous félicite ! Je vais maintenant pour raconter un peu plus spécifiquement le tournoi spécial que j’ai vu Dimanche 10 Février 2013 au Kokugikan, le stade de Sumo de Tokyo : le 37ème grand tournoi de Sumô.
Le principe de ce tournoi est particulier car il se déroule sur une seule journée et en élimination directe. De plus, des rikishi d’une même heya (comprendre club ou écurie) peuvent s’affronter, ce qui n’est pas le cas dans les honbasho.
Nous avons, en une après-midi, assisté à 2 tournois : un de la division Juryo (Amateurs) et un de la division Makuuchi (Titulaires).
Pour plus d’informations (en français) : http://www.dosukoi.fr/
Ah bah ça tombe bien :
“On peut connaître le niveau d’un Sumo en regardant la coupe et la longueur de ses cheveux. Certaines coupes sont réservées aux tout meilleurs, comme celle du Oicho qui imite la forme de la feuille de ginkgo et les Sumos ne se coupent les cheveux qu’une fois qu’ils prennent leur retraite, via une cérémonie codifiée où leurs cheveux sont coupés par mèches, la dernière étant pour leur entraineur.”
http://www.secouchermoinsbete.fr/32467-l-importance-de-la-coupe-de-cheveux-chez-les-sumos/1